La communication dans l’intimité

Pourquoi communiquer est primoridal dans l’intimité ?

Dans le cadre de mon exercice libéral, je reçois de nombreuses femmes non satisfaites de leur sexualité : pas ou peu de plaisir, pas ou peu d’orgasme, décalage avec leur partenaire … Cette insatisfaction peut être le lit de troubles plus gênants, comme une diminution de la libido (car la sexualité présente alors peu d’intérêt), ou encore des douleurs (stimulations inadéquates ou insuffisantes induisant un manque de lubrification, donc des frottements désagréables lors de la pénétration).

Nombreuses sont celles qui pensent plus ou moins consciemment, que leur partenaire va deviner ce qui leur fait plaisir, voire le leur faire découvrir, ce qui la plupart du temps est totalement faux ! Elles se reposent donc sur cette croyances erronée véhiculée par les médias mainstream, la littérature érotique actuelle (new romance et compagnie), certaines séries TV … Les attentes qu’elles développent à l’égard de leurs différents partenaires ne peuvent donc pas être comblées, ce qui augmente d’autant plus leur sentiment d’insatisfaction !

D’autres femmes en revanche se connaissent bien et savent ce qui leur fait plaisir, mais pour plein de raisons (pudeur, honte, difficulté à parler de sexualité), n’osent pas en parler à leur partenaire. Elles attendent alors qu’il devine, s’agacent lorsque ce n’est pas le cas, ce qui peut créer à terme des incompréhensions et des frustrations des deux côtés !

Il est donc essentiel qu’elles comprennent un élément clé : elles sont les  seules à savoir ce qui leur fait ou non plaisir, elles sont les seules à pouvoir connaître leur corps et leur fonctionnement intime, et enfin, c’est à elles de le communiquer ! La communication non violente ou CNV peut alors s’avérer très efficace (et un prochain article sera consacré à l’exploration pour se connaître intimement). 

communication couple regard

Quelques mots sur la CNV

La CNV est un processus de communication initié dans les années 70 par Marshall B. Rosenberg, permettant d’exprimer ses émotions et ses besoins, tout en restant en empathie avec soi et avec l’autre. C’est un mode de communication (d’expression et d’écoute), basé sur ce qu’il appelle l’élan du cœur, qui nous permet d’être généreux et de trouver un contact vrai avec nous-même et avec l’autre, laissant libre cours à notre bienveillance naturelle. 

Elle est constituée de quatre étapes :

  1. Observation des faits, de façon neutre : la CNV recommande de parler de faits concrets pour décrire les événements plutôt que de juger ou d’interpréter.
  2. Identification et expression émotions : la CNV invite à développer notre intelligence émotionnelle pour accueillir et exprimer toute la palette des émotions et leurs messages.
  3. Reconnaissance des besoins, révélés par les émotions : universels et vitaux, ils constituent un terrain sur lequel les êtres humains peuvent se comprendre. Sachant que selon Rosenberg, une émotion dite positive correspond à un besoin comblé, et une émotion considérée comme négative, à un besoin non comblé (c’est généralement cela qui pose problème!).
  4. Formulation d’une demande claire, concrète, positive, réalisable et négociable : une demande ouverte, sans exigence, permet de passer à l’action pour satisfaire tous les besoins en présence.

La CNV vise à exprimer très clairement ces 4 éléments d’informations, mais également à les recevoir de la part de l’autre.

  1. J’observe un comportement concret qui affecte mon bien-être. Qu’est ce qui est ? 
  2. Je réagis à ce comportement par un sentiment. Qu’est ce que je sens ? 
  3. Je cerne les désirs, besoins ou valeurs qui ont éveillé ce sentiment. Qu’est de que je veux ? 
  4. Je demande à l’autre des actions concrètes qui contribueront à mon bien-être. 

La CNV s’adapte à toutes les situations (travail, couple, famille, amis..), toutes les personnes, toutes les cultures. Elle peut donc s’adapter à la sexualité !

La CNV et ses applications dans la sexualité

Prenons ces 4 étapes et adaptons-les à la sexualité, dans le cadre d’un exemple précis : 

Étape 1, observation : « Mon partenaire se positionne de manière à me pénétrer ».

Étape 2, identification des émotions : « Je me sens pressée, je ne suis pas prête, physiquement comme psychologiquement. Du coup cela m’angoisse / m’agace etc. ».

Étape 3, identification des besoins liés aux émotions éprouvées : « J’ai besoin de plus de temps / de plus de stimulation à tel endroit / de me sentir en sécurité pour m’ouvrir pleinement / d’être rassurée … »

Étape 4, formulation d’une demande : « Est ce qu’on peut ralentir un peu / Est ce que tu peux me caresser à tel endroit avant de me pénétrer / Est ce que tu peux me parler pour m’exciter / Est ce que tu peux me rassurer … »

La CNV implique donc d’être à l’écoute de son corps, de ses manifestations, de ses émotions, et des besoins qui y sont liés. 

La CNV implique également la communication et le consentement de l’un et de l’autre. Elle peut donc tout-à-fait être utilisée dans le cadre de l’intimité avec un partenaire, dès qu’il s’agit de demander quelque chose, exprimer une pensée ou un désir, etc. 

La CNV pour apprendre à connaître son propre corps

Enfin, pour les femmes qui se connaissent peu intimement, la CNV peut également être d’une aide précieuse : en effet, cette méthode permet de se demander quels sont ses besoins dans l’intimité (besoin d’être en confiance, d’être dans un endroit confortable, de connaître un peu l’autre avant, de frisson …), de quoi le corps a besoin pour que la réponse sexuelle puisse s’épanouir (type de caresse, position, temps de stimulation …), etc. 

C’est donc une première étape de réflexion, qui doit bien évidemment être suivie d’une exploration active afin d’apprendre à se connaître corporellement, connaître son propre fonctionnement, d’être à l’écoute de soi-même, son corps, ses sensations, et ses envies. 

Bien sûr, toutes les informations recueillies par le biais de l’exploration pourront être exprimées à l’autre afin que les moments intimes se passent du mieux possible. 

Cette partie sur l’exploration de soi sera développée dans un prochain article.